À l’occasion de l’adoption du nouveau schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF-E) qui planifiera l’aménagement du territoire à l’horizon 2040, j’ai cosigné avec les élus socialistes et apparentés franciliens une tribune pour dénoncer un document trop peu ambitieux au regard des défis à relever et pour pointer du doigt le manque de concertation de Valérie Pécresse avec les élus et acteurs locaux.
Ce texte a été publié dans La Tribune, vous pouvez le retrouver ICI.
En juillet 2023, la majorité de Valérie Pécresse a adopté l’avant-projet du schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF-E). Les élus socialistes et apparentés se sont mobilisés, aux côtés de l’ensemble des élus locaux franciliens, pour alerter et dénoncer les orientations contraires au développement harmonieux et soutenable de nos territoires.
Alors que ce document impactera l’aménagement et le développement de l’Île-de-France pour les quinze prochaines années, les Franciliennes et les Franciliens, premiers concernés, n’ont été que très peu concertés. Seulement une réunion par département, l’information n’a que trop peu circulé auprès des collectivités territoriales et des acteurs économiques, qui n’ont eu qu’à peine deux mois pour rédiger un avis. Pour un document d’une telle importance, une meilleure organisation aurait permis à tous de se l’approprier afin d’émettre des avis sur la planification de l’aménagement de leur territoire.
La trajectoire pour atteindre le ZAN manque d’ambition
Le projet de SDRIF-E soumis à enquête publique ne répond que très partiellement à la nécessaire transition écologique de nos territoires et aux enjeux bioclimatiques indispensables pour améliorer la vie des Franciliens. Le projet présenté, avec ses orientations réglementaires, est bien trop timoré sur l’ambition de la trajectoire bas carbone, sur les énergies renouvelables ou encore sur la gestion de l’eau et des rivières. La trajectoire régionale devrait respecter l’objectif des 100 % d’énergies renouvelables et de la neutralité carbone en 2050. Force est de constater que ce n’est pas le cas.
Par ailleurs, la trajectoire proposée dans l’avant-projet pour atteindre le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) manque d’ambition au regard de l’importance de protéger nos espaces naturels et agricoles. Il aurait d’ailleurs été sans doute plus sage de se laisser un peu plus de temps pour travailler à d’autres compromis, tant nous mesurons de quelle manière la nécessaire exigence de sobriété foncière vient parfois percuter les modèles de développement des villes et des territoires, en particulier dans les départements de la grande couronne.
Le SDRIF-E oublie des projets de transport essentiels
La même timidité amène Valérie Pécresse à trembler face à l’exigence de réduction et résorption des fractures sociales. Avec ce SDRIF-E, les inégalités ne seront non seulement pas réduites, mais elles risquent de s’accentuer. L’obsession de la présidente de Région de refuser la mixité sociale l’amène à limiter la construction de logements sociaux dans les villes qui en ont déjà plus de 30 % grâce à la clause « anti-ghetto » qui serait inscrite dans le document. Il s’agit d’une mesure anti logement social, clairement assumée. L’Etat s’inquiète d’ailleurs de cette clause, puisqu’elle conduirait à une chute de la construction de logements sociaux de plus de 20%. Face à la crise actuelle du logement, ce n’est pas acceptable, et ce d’autant plus qu’à l’inverse, pour les communes carencées en logements sociaux, aucun dispositif coercitif n’est prévu par le SDRIF-E. Valérie Pécresse prétend lutter contre les ghettos, mais elle refuse pourtant de s’attaquer au séparatisme social qu’instaurent volontairement les territoires les plus riches.
Ce document n’a finalement pas l’ambition de réduire les déséquilibres territoriaux. En poursuivant l’objectif de renforcer les polarités économiques d’envergure internationale, il tend à maintenir le déséquilibre Est/Ouest en matière d’emplois et de logements. Le projet mentionne l’importance des services publics de proximité dans les territoires, mais il n’est pas assez prescriptif en termes d’équipements scolaires, d’équipements de santé et hospitalier. Là aussi, nous ne pouvons donc que regretter cette absence de vision pour nos territoires. Cette dernière se caractérise aussi par l’absence de prise en compte de la crise des transports publics : le SDRIF-E oublie des projets de transport essentiels. Cette omission limitera gravement notre capacité à répondre aux besoins croissants de mobilité dans la région. Le manque d’objectifs clairs pour rendre le réseau existant accessible est préoccupant.
Le compte n’y est pas
Pour les socialistes et apparentés franciliens, le compte n’y est pas. Nous prônons un autre modèle de développement. Ce modèle doit en priorité se saisir des déséquilibres sociaux et territoriaux pour y remédier, afin que notre région cesse d’être la plus inégalitaire du pays. C’est ce qui doit, à l’horizon 2040, être la priorité et le logement pour tous en constitue la pierre angulaire. La résilience climatique doit davantage être affirmée et les sujets de pollution de l’air doivent être mieux pris en considération, tout comme la gestion écoresponsable de l’eau et donc du modèle agricole. D’ici à l’adoption finale du SDRIF-E en juillet 2024, nous espérons que l’enquête publique révèlera les carences du document et que l’exécutif régional reverra sa copie. Les enjeux sont trop importants pour passer à côté.