Intervention au conseil municipal 20 juin 2024
Aujourd’hui, c’est la 2eme délibération concernant cette opération sur laquelle le conseil municipal est appelé à se prononcer. La 1ère datant de décembre 2021 que nous n’avions déjà pas voté, nous avait déjà mis la puce à l’oreille et le projet qui s’annonce maintenant ne fait que confirmer nos réticences.
Entre ces 2 dates, je veux rappeler ici qu’à aucun moment le conseil municipal n’a été formellement informé de l’avance du dossier, même pas en commission. Pour avoir un minimum d’informations, les élus n’ont eu d’autres sources que les réunions publiques auxquelles la population était conviée ; c’est dire la considération que vous portez aux élus de cette ville, qu’ils soient de l’opposition, comme de la majorité…
Au final, ce projet que vous nous présentez comme pouvant servir l’intérêt général parce qu’il intègre 1 ou 2 équipements collectifs est surtout et avant tout la promotion d’un projet immobilier privé qui va sur-densifier l’espace, sur-densifier le quartier de la ville dans lequel il s’inscrit. Et ne nous faites pas croire le contraire ! c’est d’abord un projet immobilier auquel la ville fait la courte échelle pour que le vendeur puisse maximiser sont profit et nous on ramasse les miettes.
Je le redis, la réalité c’est que cet espace où l’on respire encore un peu va non pas se densifier un peu mais va totalement se sur-densifier avec tous les projets de bâtiments à 10,11, 12 voire 13 étages qui sont prévus !! c’est çà la réalité de ce projet !
Je sais que tout à l’heure, en réponse à nos interventions, vous allez nous ressortir votre concept creux de communicant autour de la densité heureuse et blablabla…et que la ville se construit sur elle-même, etc…etc… pas la peine non plus de nous faire l’article du dévouement altruiste du vendeur qui sait entendre les besoins de la ville. Le vendeur va au final faire un très bon bénéfice grâce à vous puisque vous lui céder un maximum de droit à construire.
Et si le numéro en papier glacé du Montrouge Magazine qui a été mis au service de cette opération privée, a pu faire croire aux Montrougiens qu’ils pourront profiter de cet aménagement notamment en termes de logement, je leur dis tout net qu’ils se trompent car les appartements qui seront mis en vente seront financièrement inaccessibles à la très grande majorité d’entre eux.
Et là où il y aurait eu possiblement une opportunité pour soutenir une politique du logement ambitieuse permettant l(‘accès à des logements abordables (pour les jeunes ménages ou les classes moyennes), votre choix a été celui de favoriser, de contribuer à la financiarisation du marché du logement. Car pour un certain nombre d’acteurs (notamment les fonds de pension mais pas que…) le secteur du logement , c’est d’abord la pompe à fric plutôt que de contribuer au droit à se loger dignement. Et le secteur dans lequel ces acteurs de la finance excellent aujourd’hui, c’est celui du coliving.
Et bien figurez-vous que sur le site pas moins de 9300m² de coliving sont prévus !!
Le coliving, c’est à la mode aujourd’hui et certains groupes de constructeurs ou d’aménageurs nous le vendent comme la nouvelle façon branchée d’habiter. C’est cool, on partage des espaces en commun dans un immeuble, des lieux de vie , etc… on peut y rester un moment de passage et puis on s’en va.
C’est vrai que cela peut être agréable de partager des lieux collectifs dans l’habitat, c’est d’ailleurs ce que proposent les démarches d’habitat participatif que nous soutenons par ailleurs mais qui sont bâties sur une toute autre philossophie
Avec le coliving, on est dans une forme de colocation hôtelière qui ne s’inscrit pas du tout dans cet esprit et qui surtout échappe à tout forme de régulation.
Dans cet univers proche de celui de l’hôtellerie, tout se monnaye : chaque espace, chaque équipement, chaque service. De quoi faire doubler, voire bien plus, le loyer global d’un grand logement. On comprend pourquoi les fonds de pension et les grands groupes financiers et ceux du bâtiment s’intéressent à ce secteur.
Le coliving relève du local commercial et de la résidence hôtelière. Il échappe ainsi à l’obligation d’inscrire du logement social dans un programme d’habitation.
Sur les autres 18000 m² où il est prévu du logement les 30% de logement social s’impose mais pas sur les 9300m² consacré au coliving. Je ne comprends comment l’Etat a laissé passer ce contournement évident de la loi SRU.
Enfin le coliving échappe aussi au contrôle à l’augmentation des loyers qui s’impose aujourd’hui dans les zones tendues.
Vous avez donc sacrifié cet espace aux profits futurs tirés de ces surfaces de coliving plutôt qu’une réelle politique de logement classique et accessible pour les Montrougiennes et les Montrougiens.
C’est une occasion totalement ratée qui aurait pu être évitée car vous aviez les clés en main pour faire et imposer d’autres choix. L’argument des contraintes d’urbanisme ne sont pas recevables car nous sommes justement en pleine adoption du nouveau Plan d’urbanisme et vous auriez pu y imposer toutes les adaptations nécessaires.
Vous laissez déjà à la dérive la ville au regard de l’expansion du AirBnB , on comprend maintenant que vous continuez avec le coliving dans la même veine. Je précise que de nombreuses villes en France et en Europe commencent à alerter sur les dérives de ce coliving qui grignote et détruit la capacité à se loger pour les jeunes ménages et les familles.
Évidemment notre groupe s’est opposé (et continuera de le faire ) à ce projet qui va à terme contre l’intérêt des Montrougiens.
Et je n’ai pas besoin pour cela de me référer à l’étude d’impact anonyme qui accompagne cette délibération ; je dis anonyme car elle n’est pas signée donc on ne sait pas si c’est le vendeur , l’aménageur ou bien les services qui l’ont rédigée. Ce dont on est certain c’est sa faiblesse pour ne pas dire son indigence.
Une étude d’impact comme son nom l’indique doit mesurer les effets à terme de la décision prise. Or ces éléments sont absents de cette étude. Écrire en gros on a besoin du terrain pour construire un bâtiment et donc on le désaffecte , ce n’est pas une étude d’impact. Et je défie quiconque ici de trouver dans ce document une ligne qui évoquerait effectivement même de manière allusive ce que serait l’impact in fine de la désaffectation de la parcelle en question. Point final.