Intervention Conseil municipal du 21 décembre 2017
Il s’agit ce soir d’acter la destinée de deux équipements à Montrouge (un culturel : le Conservatoire Pugno ; un sportif : l’Aquapol) dans le cadre des transferts de compétences de l’intercommunalité à laquelle nous appartenons.
Il y a deux équipements et deux cas de figures très différents.
J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur ce point au dernier conseil de territoire dans lequel, Monsieur le Maire, vous ne siégez pas et c’est bien dommage…
Je veux ici prendre le temps d’évoquer ces deux situations.
Je commencerai par celle que me semble poser le plus de problèmes : celle du Conservatoire Raoul Pugno que vous souhaitez voir revenir dans le parc communal alors qu’il était déjà intégré depuis 2009 à la Communauté de communes Châtillon-Montrouge puis à celle de Vallée Sud Grand Paris (VSGP).
Vous demandez ce transfert alors même que VSGP a pris la compétence de la « construction, aménagement, entretien et fonctionnement d’équipements culturels, socioculturels et sportifs ».
Je l’ai dit mardi soir au Conseil de territoire, ce choix a été unanimement rejeté par les représentants des personnels lors des deux comités techniques paritaires qui ont été convoqués sur le sujet et où auquel aucun représentant de la ville n’était présent. Je rappelle également que vous avez été, Monsieur le Maire, sollicité personnellement sur ce point par les organisations syndicales depuis le mois de mars 2017 et que jamais vous ne les avez reçues !
Pour moi, ce choix ne va pas dans le sens de l’intérêt général, c’est un bond en arrière sans motif réel !!
Puisque vous ne le dites pas, je vais évoquer le motif que l’on a demandé au Territoire de retenir pour justifier ce retour vers le périmètre de la ville. Le motif serait que « l’équipement ne répondrait pas (je cite) à la « volonté de l’EPT ( Établissement public territorial) de mettre en réseau la gestion d’équipements culturels autour de l’enseignement diplômant de la musique, de la danse, et de l’art dramatique ». Dit plus simplement, puisque le Conservatoire de Montrouge ne délivrerait pas de diplôme autant qu’il sorte du réseau des équipements de l’intercommunalité. Voilà l’argument que la ville de Montrouge a porté.
Je dois dire que cet argument est pour le moins fallacieux. Car si on regarde sérieusement la situation des conservatoires de VSGP, on peut constater facilement qu’aucun conservatoire ne délivre de diplôme au sens strict du terme, si ce n’est les deux Conservatoires à rayonnement départemental de Clamart et Bourg la Reine/Sceaux, au travers du diplôme d’études musicales (DEM) reconnu au niveau national. Aussi ce seul motif ne peut suffire à qualifier ou pas l’intérêt territorial de cet équipement. Sinon il faut exclure de la liste des 6 autres équipements (CRI et CRC, conservatoires à rayonnement communal ou intercommunal) qui sont dans la même situation…
Il est aussi question de la mise en réseau des équipements culturels. Là aussi il y a un problème car nous sommes là au cœur de l’objectif même de l’intercommunalité. Quel est en effet l’intérêt que nous devons tirer collectivement de l’organisation territoriale de notre EPT ?
Cet avantage se résume au moins à 3 points essentiels qui sont liés entre eux :
- L’intérêt de s’inscrire dans un maillage du territoire,
- L’intérêt de la coopération entre les équipements et, à travers eux, entre les agents,
- L’intérêt de la mutualisation de certaines activités pour offrir un service au public de qualité aux habitants et des parcours professionnels ascendants aux agents.
La mise en réseau des équipements culturels doit participer de ces trois dimensions et je regrette qu’on choisisse ce soir d’exclure un équipement particulier alors même qu’il pourrait progresser sur l’ensemble de ces points en restant dans le giron de Vallée Sud Grand Paris. L’avenir de nos services publics doit se construire dans l’intercommunalité.
Il est vrai que du temps de la Communauté de communes Châtillon-Montrouge, les questions de gestion mutualisée ou de synergie territoriale n’étaient pas vraiment en 1ère ligne mais justement le Territoire c’est l’opportunité de progresser sur ces points (je vous renvoie sur ce point d’ailleurs à un excellent travail de diagnostic fait par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Île-de-France sur l’intercommunalité culturelle en petite couronne, qui est très éclairant sur la situation passée).
Alors refuser au Conservatoire Raoul Pugno de s’inscrire dans ce nécessaire travail en réseau avec le reste des conservatoires du territoire, c’est l’isoler et l’exclure de ce qui pourrait être une politique artistique et culturelle territoriale dans laquelle Montrouge (et notamment son conservatoire) peut et doit prendre sa place.
Je sais que vous allez nous dire que le Conservatoire de Montrouge n’en est pas un, qu’il n’est qu’une petite « école de musique de proximité ».
D’une part, « petite école » ? avec plus de 900 élèves, vous avez une drôle de conception de la taille. D’autre part, on n’y enseigne pas que la musique mais aussi le théâtre et la danse.
Sur la proximité, vous voulez un conservatoire de proximité et pas une piscine de proximité donc ? et les conservatoires des autres villes ne sont pas des équipements de proximité ?
Pour ma part, je soutiens que le maintien du Conservatoire de Montrouge dans le réseau des 9 conservatoire de VSGP et la mutualisation possible des moyens pourrait :
- générer un enseignement plus riche en matière de pratiques collectives (pratiques orchestrales plus nombreuses notamment et pas seulement une suite de cours particuliers),
- permettre de diversifier également les pratiques instrumentales ou encore bénéficier de projets dynamique autour d’un réseau des instruments rares par exemple,
- de plus avec un partenariat développé avec un CRD (Conservatoire à Rayonnement Départemental) du territoire, les autres conservatoires y compris celui de Montrouge devraient pouvoir de délivrer également des diplômes plus largement.
Pourquoi le Conservatoire de Montrouge n’aurait pas droit à bénéficier de tout cela ?
Avec cette délibération et ce choix de restitution, nous excluons donc près de 900 élèves Montrougiens des avantages tirés de la mise en réseau de nos équipements artistiques, nous limitons également le travail coopératif et les perspectives professionnelles des personnels du Conservatoire de Montrouge (en termes de formation notamment).
J’ajouterai pour finir que ni les familles, ni les enseignants n’ont été consultés sur ce retour en arrière. Et ce n’est pas une simple réunion qui peut servir de concertation qui aurait dû être menée depuis plusieurs mois.
Malheureusement à Montrouge, les pratiques perdurent puisque comme d’habitude tout a été fait dans le plus grand secret.
Sur le transfert de l’Aquapol en conformité avec les compétences de l’intercommunalité, je serai moins long.
Je sais que les personnels ont été rassurés sur les conditions indemnitaires dans lesquelles ils allaient rejoindre les effectifs de l’intercommunalité. Il demeure néanmoins des questions d’harmonisation du temps de travail à traiter, me semble-t-il. De même que les questions de mobilité et de mobilisation des agents transférés sur le reste des équipements aquatiques du Territoire.
Voilà les points essentiels sur lesquels je souhaiterai revenir et qui feront que nous voterons contre cette délibération.