Synthèse de la table ronde organisée dans le cadre de la série de rencontres du Forum Montrougien, Montrouge, 8 mars 2025.
En ce 8 mars, journée internationale pour la lutte des droits des femmes, nous rendons hommage au courage et à la détermination de celles qui, partout dans le monde, luttent pour l’égalité, pour la défense de leurs droits, pour plus de justice et de dignité. N’oublions pas les luttes menées dans ce cadre, les victoires arrachées mais aussi le chemin qu’il nous reste à parcourir pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans nos sociétés. L’Egalité, condition essentielle à notre progrès collectif !
Cette problématique de l’égalité entre les femmes et les hommes est justement au cœur de la question des familles monoparentales, très majoritairement constituées de femmes.
C’est pourquoi j’ai tenu à organiser une table ronde sur ce sujet afin de lancer une réflexion collective sur l’accès aux droits des familles monoparentales.
La monoparentalité est désormais un phénomène démographique majeur : 1 famille sur 4 en France est monoparentale, et dans près de 83% des cas, ces familles sont composées d’une maman solo.
A Montrouge, ce sont 32% des familles avec enfants qui sont monoparentales. Mais les pouvoirs et les services publics commencent à peine à envisager ce sujet dans sa globalité et sa complexité.
Je remercie les 3 intervenants qui ont apporté leurs points de vue et expertises spécifiques lors de cette table ronde : Emmanuelle Friedmann, autrice de la BD Maman solo, Virginie Gimbert, Directrice de le recherche et de la valorisation à la CNAF et Stéphane Raffalli, maire de Ris-Orangis, collectivité pionnière dans la mise en place d’un statut communal du parent solo.
Le quotidien des mamans solos : constats et analyse
Emmanuelle Friedmann a ouvert les échanges en partageant son expérience de maman solo, qui a abouti à la publication d’une Bande dessinée sur le sujet en 2024. Maman solo de jumeaux, cela implique des contraintes particulières ! Être parent seul, c’est relever chaque jour le défi de réussir seul à jongler entre les différents temps de la vie : jongler entre le boulot, les démarches administratives, les loisirs (quand ils sont possibles), l’éducation des enfants, etc.. avec souvent une charge mentale considérable.
L’exemple de la gestion des maladies des enfants quand ils sont petits illustre ces situations compliquées face auxquelles beaucoup de mamans solos doivent faire des choix professionnels difficiles ( changement de métier, passation contraint à un mi-temps,…) Concernant l’accès aux loisirs, les chèques de la CAF pour les vacances sont très utiles car les colos sont chères. Le problème est que le plafond de ressources pour y avoir droit est assez bas. La non-priorisation des enfants de familles monoparentales pour les colonies de vacances municipales peut aussi poser problème.
Rebondissant sur ce témoignage, Virginie Gimbert a a pu mettre en perspective le phénomène démographique de la monoparentalité. La monoparentalité est un phénomène massif, 1 famille sur 4 en France. Et non seulement les mamans solos représentent la majorité des familles monoparentales mais elles sont aussi économiquement plus précaires que les papas solos ou les couples. En moyenne, elles perdent 20% de leur pouvoir économique après la séparation.
Il y a un cumul de difficultés : marché du travail (qualité et quantité), manque de temps de respiration, logement, sociabilité, même si une solidarité familiale se met fréquemment en place, en particulier avec l’investissement des grands parents.
Pour sa part, Stéphane Raffalli a expliqué que la Ville de Ris-Orangis en était venue à considérer la monoparentalité par un faisceau de portes d’entrées : tout d’abord, l’analyse des besoins sociaux de la commune, une politique de longue date d’aide à la parentalité mais également des évènements comme la crise des gilets jaunes ou les épisodes d’émeutes urbaines qui avaient mis en lumière la situation des mamans solos.
Pistes, solutions et action publique
En tant que maire, Stéphane Raffalli a entamé le premier acte de sa politique municipale de soutien aux familles monoparentale, par la création d’un statut communal de parent solo, en mai 2024. L’objectif était de prendre en compte plusieurs aspects de la monoparentalité , après avoir sollicité non seulement des témoignages individuels, mais aussi les retours des services, administrations et associations en contact avec les parents solos.
L’une des première disposition de ce statut est de combattre le non-recours au droit via l’information et la mise en relation des parents solos avec les institutions qui octroient ces droits. La priorisation d’accès aux équipements de la petite enfance a ainsi été posée car, comme l’a rappelé Virginie Gimbert, concernant l’accès aux services publics, en particulier à un mode de garde, les familles monoparentales ont plus de difficultés que les familles en couple. La mobilisation du label « Crèche à vocation d’insertion professionnelle (AVIP) » a été évoqué comme une piste à regarder même si elle ne peut être suffisante.
Le statut communal de la monoparentalité a permis d’envisager des solutions liées au droit eu répit, via l’ouverture prochaine d’un lieu pour les enfants et les parents.
Plusieurs autres éléments sont venus alimenter le débat autour de la prise en question de la santé (notamment santé mentale), du logement (priorisation, travailler avec les bailleurs sociaux mais également privés, intégrer les besoins spécifiques à la conception des bâtiments neufs )
Faire de Montrouge une ville accueillante envers toutes les familles
Pour conclure, j’ai tenu à rappeler qu’en l’état, la question de familles monoparentales restent insuffisamment prise en compte à Montrouge tant dans l’adaptation des accueils de la petite enfance que dans celle du logement ( la Ville de Montrouge est toujours carencée en matière de logements sociaux) – tout cela rend la ville hostile aux mamans solos ! Il est temps de prendre la mesure des besoins et d’agir de façon volontaire et déterminée pour changer de paradigme !!
Pour aller plus loin : les données citées dans cet article sont issues de l’ouvrage de la CNAF, Les familles monoparentales. Conditions de vie, vécu et action publique. Un état des savoirs. Plus de détails ICI. Concernant le statut communal du parent solo développé par la Ville de Ris Orangis, c’est par ICI. Et pour en savoir plus sur les ouvrages publiées par Emmanuelle Friedmann, c’est ICI.
