Les révélations récentes de Libération sur les sévices infligés aux enfants dans certaines crèches privées sont un électrochoc.( article Libération du 06/02/2025 )
À Montrouge, plusieurs familles ont découvert avec effroi que l’endroit censé accueillir et protéger leurs enfants était en réalité un théâtre de maltraitances. Des coups de balai, des gifles, des violences répétées : ces actes, dignes d’un autre âge, ont été commis par ceux qui avaient la responsabilité d’offrir un cadre bienveillant. Plus qu’une série d’incidents isolés, ces affaires illustrent une réalité inquiétante : l’industrialisation du secteur de la petite enfance a ouvert la porte à des dérives graves, où la rentabilité prime sur le bien-être des enfants.
L’an dernier, encore à Montrouge et dans une crèche du même réseau…, un enfant perdait un doigt lors d’un exercice d’évacuation incendie mal encadré (article Parisien du 04/01/2024 ). Un accident aussi dramatique que révélateur des failles profondes de ces établissements, où le manque de personnel qualifié et la pression sur les employé(e)s peuvent conduire à des négligences insupportables.
Il ne s’agit d’instruire systématiquement un procès à charge contre le secteur privé qui peut aussi s’inscrire dans une démarche non lucrative. Mais force est de constater que depuis plusieurs années, le secteur de la petite enfance voit proliférer des groupes privés qui font de l’accueil des tout-petits un business florissant. En maximisant le nombre d’enfants accueillis tout en limitant les dépenses sur le personnel et les infrastructures, ces entreprises créent les conditions idéales pour que surviennent abus et accidents. L’enquête menée par Victor Castanet dans Les Ogres a dévoilé, sur ce sujet, une mécanique implacable : dans ces crèches, les encadrants sont souvent sous-formés, débordés et contraints de gérer trop d’enfants en même temps. Les conditions de travail, déjà difficiles, laissent place à des tensions où les violences, qu’elles soient physiques ou psychologiques, finissent par s’installer insidieusement.
Évidemment ces faits, même s’ils restent minoritaires, doivent provoquer une réaction immédiate et radicale car il est inacceptable que l’objectif de rentabilité puisse primer sur le bien-être des enfants.
Le renforcement du contrôle des structures doit être plus régulier et systématique. Je note d’ailleurs qu’un contrôle par les services de la PMI a été effectué dans la crèche en question.
La possibilité du signalement doit être connue des familles qui ne doivent pas restées seules face à des directions de structures qui minoreraient ou méconnaîtraient les faits.
Protéger la petite enfance ne doit jamais être une option, mais une priorité absolue.
Rappel :
Si une personne considère qu’un enfant est en danger ou risque de l’être
Appeler le 119 sans délai. Ce numéro de téléphone est un service national gratuit pour l’enfance en danger. Le service est joignable 24h/24 et 7j/7. L’auteur du signalement peut rester anonyme s’il le souhaite et son appel est invisible sur les factures de téléphone. Pour les moins de 21 ans, il est possible également de contacter les services via le Chat en ligne.